Force est de constater que le sujet des violences conjugales est un sujet de plus en plus parlé, médiatisé, expliqué et démystifié et ce, grâce en partie au grenelle des violences conjugales qui a eu lieu en 2019 et qui a permis de faire émerger différentes préconisations, orientations.

Ce qu’il faut savoir des violences conjugales

Quelles différences entre conflit conjugal et violences conjugales ?

Lorsqu’on évoque les violences conjugales, il faut bien faire la distinction entre la notion de conflit et la notion de violence.

En effet, un conflit conjugal est « normal » dans une relation de couple : ceci se définit par une opposition de deux points de vue dans un rapport d’égalité.

La violence conjugale, se définit quant à elle, dans un rapport de domination et de prise de pouvoir de l’agresseur sur la victime indépendamment de son genre.

Il est important de noter que le législateur considère que les violences conjugales ne sont pas des violences dites « ordinaires » du fait du lien affectif présent entre l’auteur et la victime.

Les violences conjugales, uniquement des violences physiques ?

    Quand on parle de violences conjugales, on pourrait facilement représenter ce type de violences par des violences physiques. Or, il est important de noter que les violences conjugales revêtent plusieurs formes : la violence matérielle, physique, verbale, sexuelle, psychologique, économique ou encore administrative. Rares sont les situations de violences conjugales dans lesquelles uniquement un type de violence est présent. Plusieurs types de violences sont souvent confondus et récurrents au sein de la relation (violence physiques et verbales ou psychologiques par exemple).

    Quelques chiffres ?

    Depuis plusieurs années, différentes études sont menées pour montrer l’ampleur des situations de violences conjugales au niveau national. Voici quelques statistiques notables : le nombre de féminicides ces dernières années : 118 en 2018 ; 146 en 2019 ; 102 en 2020, 122 en 2021. Concernant le nombre d’homicides, en 2020, il y a eu 23 homicides et en 2021, on comptabilise 21 homicides. Il est important de noter que nous évoquons très peu le nombre d’homicides dans l’opinion public. Bien que ces chiffres nous montrent que les homicides sont bien moins importants que les féminicides, il est opportun de souligner que cela existe.

    Dans la poursuite de ces données, intéressons-nous aux statistiques des situations de violences conjugales en France. Entre 2011 et 2018, il y a eu en moyenne 213 000 femmes victimes de violences conjugales sur 295 000 victimes.

    Depuis 2017, les situations de violences conjugales ont augmenté de 42%. Ceci peut s’expliquer par différents phénomènes dont l’évolution du comportement des victimes. En effet, les victimes sont de plus en plus sensibilisées à déposer plainte et se faire reconnaître en qualité de victime. Ceci est corrélé au fait que les services de police et de gendarmerie sont de plus en plus sensibilisés et formés à la prise en charge et au suivi des situations de violences conjugales.

    En 2020, il y a eu 159 400 victimes de violences conjugales (hausse de 10% sur un an) dont 139 200 femmes.

     

    Les violences conjugales, caractérisées par un cycle ?

    Pour poursuivre sur le sujet, intéressons-nous au cycle de la violence conjugale. En effet, lorsque le couple s’installe dans un système de violence conjugale, il est rapidement possible de repérer un cycle, qui se répète de plus en plus souvent et où les périodes de violences sont de plus en plus fortes, les périodes d’accalmies de plus en plus absentes : on trouve tout d’abord un climat de tension au sein du couple qui se dégrade pour atteindre l’explosion de la violence, puis le temps de la justification et enfin, de la lune de miel.

    Dans une situation de violences conjugales, il est parfois compliqué de savoir quand la relation se dégrade et à quel moment les violences apparaissent. Toutefois, il y a certaines périodes qui peuvent être plus sujettes au démarrage des violences conjugales. Ainsi : une grossesse ou une annonce de séparation non consentie par le conjoint.

    Quels sont les impacts sur les victimes de violences conjugales ?

    Perte de confiance, peurs et angoisses, conduites addictives, états dépressifs avec risque de suicide, confusion, ambivalence, stress lié au traumatisme, difficultés de concentration, hypervigilance, changement dans les choix vestimentaires (…) sont autant de conséquences possibles pour les victimes.

    Il est également important de noter que dans ce cadre, les enfants présents au sein du foyer, peuvent être considérés comme témoins et victimes de ces situations de violences conjugales.

    Témoins, victimes, comment faire ?

    Lorsque je suis témoin d’une situation de violences conjugales, comment faire ? Comment agir ?
    J’utilise le « JE », je décris le plus objectivement possible ce que j’ai vu, entendu ou ressenti, sans interpréter les faits. Je crois la personne, je ne remets pas en question ce qu’elle ressent. Je rassure la personne, je la laisse prendre ses propres décisions et je l’oriente vers des professionnels ou structures spécialisés.

    Si je suis victime de violences conjugales ?
    Je peux évoquer ma situation avec une personne de confiance (famille, ami, collègues…). Je peux en parler avec des interlocuteurs de mon entreprise (plateforme psy, service RH, service de santé au travail, assistant de service social, CSE, élus, CSSCT…). Je peux également évoquer ma situation avec mon médecin traitant.
    Si besoin, j’alerte les services de secours : POLICE (17 ou 112 pour le numéro européen), SAMU (15), Urgences, 114 (numéro d’urgence pour les personnes sourdes et malentendantes).

    Que se passe-t-il pour l’auteur si je dépose plainte ?

    Différentes poursuites judiciaires sont possibles après un dépôt de plainte pour une situation de violences conjugales. Des mesures de protection immédiate pour les victimes peuvent être décidées par le procureur de la république et le juge pénal. Par exemple, l’interdiction pour l’auteur de rencontrer la victime, de fréquenter certains lieux, obligation d’un suivi, placement en détention provisoire dans l’attente d’un éventuel jugement ou encore l’octroi d’un téléphone de protection à la victime pour alerter les forces de sécurité en cas de grave danger.

    Dans le cadre des procédures judiciaire, les victimes peuvent être accompagnées par un avocat. Elles peuvent également être informées ou orientées par une association d’aide aux victimes, le CIDFF (Centre d’Information sur des Droits des Femmes et des Familles), les services sociaux, etc.

    Qu’est ce qui peut être mis en place pour prévenir la récidive auprès des auteurs de violences conjugales ?

    Suite au Grenelle contre les violences conjugales fin 2019, un nouveau dispositif se développe au niveau national : les CPCA, Centres de Prise en Charge des Auteurs de violences conjugales. Début 2022, il y avait 30 CPCA. Ce dispositif est en cours de développement.

    Différentes mesures peuvent être proposées aux auteurs de violences conjugales. Par exemple, des stages de responsabilisation pour la prévention et la lutte contre les violences au sein du couple et sexistes. Ces stages peuvent être payants pour l’auteur.

    L’auteur de violences conjugales peut également participer à des groupes de paroles ou avoir une obligation de soins (par exemple, dans le cadre d’un Contrôle Judiciaire Socio-Educatif qui est une mesure alternative à la détention provisoire dans l’attente d’une audience au Tribunal Correctionnel par exemple).

    Par ailleurs, la justice restaurative, autre outil de prévention de la récidive, se développe en France et plus globalement dans le monde pour différents contentieux y compris pour les situations de violences conjugales. La justice restaurative poursuit trois objectifs principaux d’après Robert CARIO, président de l’Institut Français pour la Justice Restaurative (IFJR) : la resocialisation globale de l’infracteur, la réparation globale de la victime et le rétablissement de la paix sociale.

    Quels sont les différents interlocuteurs pour les situations de violences conjugales ?

    • Association d’aide aux victimes – France Victimes – 116 006
    • Le 3919 – Violence Femmes Info (numéro national de référence pour les victimes de violences).
    • Les CIDFF (Centres d’Informations sur les Droits des Femmes et des Familles)
    • Les services sociaux de secteurs
    • Les professionnels de santé
    • Les numéros d’urgences (17, 15, 114…)

    Différentes sources internet :

    https://arretonslesviolences.gouv.fr/besoin-d-aide/violences-au-sein-du-couple 
    https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F12544 
    https://www.solidaritefemmes.org/ 
    https://fncidff.info/

     Auteur : Emilie Lefort, Assistante sociale du travail