Mise à jour 20/03/24

En France, l’endométriose touche pourtant près de 10% des femmes en âge de procréer. Aujourd’hui, le diagnostic est trop souvent tardif : en cas de doute, consulter son professionnel de santé (médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme) est une première étape indispensable.

Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose est une maladie inflammatoire liée à la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus (vessie, ovaires, intestins, …). Des fragments d’endomètre se déposent alors sur les ovaires, la vessie, le rectum, le péritoine (membrane qui recouvre les viscères) et peuvent provoquer des douleurs du bas-ventre et d’autres symptômes fonctionnels selon leur localisation.

Cette pathologie peut être une cause d’infertilité et est souvent diagnostiquée tardivement (en moyenne 7 ans après les premiers symptômes).

Qui est concerné ?

    Elle touche environ 1 femme sur 10.

    Quels sont les signes de l’endométriose ?

    La douleur : la majorité des personnes touchées souffre de douleurs importantes, notamment en période d’ovulation et de règles. On parle de douleurs invalidantes.
    Ces douleurs sont cycliques et peuvent entraîner d’autres symptômes : fatigue chronique, maux de tête, troubles de l’humeur, vomissements, troubles digestifs, etc.

    Quelles sont les conséquences de la maladie sur le travail ?

    Les répercussions sur la vie professionnelle des salariées concernées peuvent être nombreuses et plus ou moins invalidantes :

    • Douleurs plus ou moins intenses selon les cas, invalidantes et empêchant de mener à bien ses activités quotidiennes. Elles impactent les capacités intellectuelles, la concentration et peuvent provoquer une irritabilité pouvant générer des conflits relationnels.
    • Troubles associés : digestifs, urinaires, nécessitant un accès direct et rapide aux sanitaires. Cette situation peut être source de gêne pour certains emplois et être difficile à gérer vis à vis du regard des autres.
    • Les effets secondaires des traitements et pour certaines la convalescence après de multiples chirurgies.
    • La fatigue et fatigabilité essentiellement dû à la douleur, et au manque de sommeil
    • L’absentéisme imprévisible et à répétition pouvant entrainer des dysfonctionnements au sein de l’entreprise et qui représente un coût direct et indirect pour l’employeur.
    • On peut aussi noter parfois une évolution de carrière ralentie, une mise en retrait, une mauvaise image vis à vis de l’employeur et des collègues. Autant d’éléments qui peuvent générer du stress et enfermer la personne dans un cercle vicieux, l’empêchant parfois de se maintenir en emploi.

    Quelles solutions au travail ?

    La prise en compte de cette pathologie au travail passe tout d’abord par l’écoute et la prise en considération de la salariée souffrant d’endométriose.
    La salariée peut informer le service de santé au travail (médecin et infirmier) pour qu’une certaine vigilance soit accordée, voire qu’un suivi particulier soit mis en place (en accord avec la personne concernée bien entendu). Certaines actions sont possibles, comme le choix du télétravail en période de crise, la sensibilisation d’une équipe, ou encore l’attribution de congés spécifiques ; dans le but de soulager la personne et de limiter les impacts négatifs au niveau professionnel.

    Que mettre en place en entreprise ?

    1. Au niveau individuel

    Face à l’endométriose l’employeur peut agir sur certain levier :

    Il pourra demander une visite médicale au médecin du travail qui pourra proposer une adaptation du poste de travail en vue de réduire les stations debout et les déplacements par exemple.
    Le médecin pourra également proposer d’effectuer tout ou partie de leur travail en télétravail, ou encore proposer un mi-temps thérapeutique.

    Orienter la salariée vers une assistante sociale qui pourra l’accompagner dans le remplissage d’un dossier MDPH si besoin et lui expliquer les aides auxquelles elle pourrait prétendre

    2. Au niveau collectif

    L’employeur pourra s’engager dans la lutte pour l’inclusion et la diversité.
    Il pourra par exemple, en collaboration avec l’infirmière du travail et/ou du SPST, ou une association de patientes, proposer des sessions d’information et de sensibilisation sur l’endométriose et le handicap invisible.

    L’objectif étant de faire évoluer le regard de chacun sur les maladies chroniques pouvant avoir un impact sur le travail et de contribuer à améliorer les performances de ses employés.

    endometriose

    Au delà des frontières françaises, certaines entreprises on fait le choix d’aller encore plus loin pour permettre le maintien dans l’emploi des personnes concernées par l’endométriose , avec la mise en place d’un congé menstruel.

    En effet, au Japon, en Corée du sud ou encore en Espagne, ce congé menstruel permet aux femmes de s’absenter du travail lorsqu’elles souffrent d’endométriose.

    En France, le projet de loi a été proposé mais le sujet divise encore et n’a pas été adopté.

    Cela n’a pas empêché quelques entreprises françaises avant-gardistes de sauter le pas, puisque chez Louis Design à Toulouse, cela est déjà d’actualité, ou chez la grande enseigne Carrefour qui prévoit 12 jours de congés par an (sous conditions) pour les femmes souffrant d’endométriose, ayant subit une fausse couche ou après une PMA (Procréation médicalement assistée).

    Ces entreprises ouvrent la voie et donnent de la visibilité à ces maladies féminines invisibles.

    Comment faire disparaitre l’endométriose ?

    Il n’existe pas de traitement spécifique contre l’endométriose. La prise en charge des femmes concernées passe souvent par un suivi pluridisciplinaire : gynécologue, algologue, psychologue, ostéopathe, nutritionniste, activité physique, etc.
    Dans certaines situations, il est nécessaire de recourir à la chirurgie pour retirer les lésions. Dans d’autres situations, cela n’est pas possible.

     

    Sources : CHU NantesEndofrance ; Clinique e-santé  ; santé.gouv.fr 

    Auteurs :

    • Laura Pouliquen, Assistante sociale du travail
    • Diana Moy Rugard, Infirmière de santé au travail