Vous travaillez en open-space, et entre les sonneries de téléphones, la conversation téléphonique d’un collègue et le bruit de la machine à café, il devient souvent difficile de se concentrer.

Aujourd’hui, en France, plus de trois millions de salariés sont exposés sur leur lieu de travail, de manière prolongée, à des niveaux de bruit potentiellement nocifs.

En effet, une exposition prolongée à un certain niveau de décibels peut affecter la santé des salariés.

En outre, le bruit au travail est reconnu comme cause de maladies professionnelles depuis 1963 (tableau n°42 des maladies professionnelles relatif à la surdité provoquée par les bruits lésionnels).

Le coût moyen d’une surdité professionnelle indemnisée par la sécurité sociale représente près de 100 000 euros, ce qui en fait l’une des maladies professionnelles les plus coûteuses pour la collectivité.

Mais alors, qu’appelle-t-on du bruit ?

« Le bruit est tout son ou ensemble de sons jugés indésirables parce qu’ils dérangent ou parce qu’ils sont susceptibles d’affecter la santé ».

Comment définir un environnement de travail bruyant ?

  • Les personnes présentes doivent-elles élever la voix?
  • Les personnes qui travaillent dans des environnements bruyants ressentent-elles un tintement d’oreilles à la fin d’un quart de travail?
  • Au retour à la maison, doivent-elles monter le volume de leur radio d’auto plus haut qu’elles le faisaient en se rendant au travail?
  • Une personne qui a travaillé pendant des années dans un milieu bruyant a-t-elle de la difficulté à entendre les conversations dans des soirées ou au restaurant, ou dans des foules où elle est en présence d’une multitude de voix et de bruits « se faisant concurrence »?

Si vous avez répondu oui à l’une des questions précédentes, il se peut que votre milieu de travail présente un problème de bruit.

Quelles sont les conséquences du bruit sur la santé ?

Les troubles de l’audition : 

Surdité progressive : privation ou affaiblissement de l’ouïe qui peut s’installer suite à une exposition sonore répétée et quotidienne à 85 dB

  • Acouphènes : c’est une perception anormale d’un bruit en l’absence d’une source sonore (bourdonnements, sifflements, etc.)
  • Hyperacousie : l’oreille devient hypersensible à certains sons (certaines musiques, bruits métalliques, etc.)
  • Traumatisme sonore aigu : lésion brutale due à une exposition à des bruits violents tels qu’une explosion, des feux d’artifice ou un coup de feu. Une seule exposition peut entraîner la perforation du tympan et endommager les structures de l’oreille interne. La perte d’audition est le plus souvent partielle.

Le bruit au travail a également des effets extra-auditifs 

Fatigue auditive, anxiété, stress, troubles cardiovasculaires (hypertension artérielle), du sommeil, de l’humeur, des apprentissages, de concentration…

Quelles sont les obligations de l’employeur ?

1) Evaluer les risques :

La première chose à faire est de faire évaluer le bruit au travail par une personne compétente (niveau de décibels, cartographie, mesure sur 8h) puis d’évaluer le risque d’exposition (identifier les postes à risques, les salariés exposés, DUERP).

2) Réduire le bruit à la source, agir sur l’environnement de travail

La réduction du bruit à la source est la première mesure à envisager car elle permet de protéger tous les salariés en même temps. Une méthode efficace consiste par exemple à encoffrer une machine trop bruyante. En revanche, réduire le bruit à la source peut se révéler coûteux, voire impossible du fait de la structure d’un bâtiment ou d’un atelier. Dans ce cas, la meilleure méthode consiste à protéger individuellement les salariés.

3) Les mesures de prévention (protection et suivi des salariés exposés) : les protections individuelles

Lorsqu’un problème de bruit existe dans un milieu de travail, une évaluation ou un relevé du bruit devrait être effectué dans le but de déterminer les sources du bruit, le niveau du bruit, les personnes exposées et la durée de leur exposition.

À partir d’un seuil d’exposition quotidienne moyen de 80 décibels sur huit heures, des protections individuelles doivent être fournies par l’employeur à ses salariés formés à leur usage. Un examen audiométrique préventif doit également leur être proposé.

Au-delà de 85 décibels d’exposition moyenne sur la même durée, des mesures s’imposent pour réduire cette exposition et l’utilisation des protections individuelles doit être contrôlée.
Si malgré tout la hauteur limite de 87 décibels est dépassée, des actions doivent être immédiatement engagées pour réduire le bruit et renforcer la protection des travailleurs.

4) La sensibilisation

En complément des actions collectives, il est également important de sensibiliser individuellement les salariés.
Pour ce faire, il convient de prévoir des points individuels avec des professionnels agrées de santé (infirmière, médecin du travail etc …) qui pourront leur distribuer des outils de sensibilisation permettant de compléter l’information.

« L’article R4436-1 du code du travail précise que si, au terme de l’évaluation des risques, les salariés sont exposés sur leur lieu de travail à un niveau sonore supérieur ou égal aux valeurs d’exposition inférieures définies dans ce même article, l’employeur devra s’assurer à ce que ses travailleurs puissent recevoir des informations ainsi qu’une formation relative aux risques avec l’appui du service de santé au travail.

Les informations et la formation devront porter sur les sujets suivants :

  • La nature du risque
  • Les mesures préventives prises afin de réduire, ou limiter le bruit au travail en raison d’un dépassement de volume sonore
  • Les valeurs limites d’exposition et les valeurs d’exposition déclenchant l’action de prévention
  • La présentation des résultats de l’évaluation obtenus suite aux mesures ainsi que leur explication permettant la compréhension ou interprétation des données
  • L’utilisation correct des protecteurs auditifs individuels
  • Le processus de dépistage dès la perception d’un changement au niveau de l’audition et l’importance de le signaler
  • Rappeler le droit aux consultations médicales professionnelles permettant d’effectuer des contrôles de prévention
  • Les bons gestes à mettre en place afin de limiter l’impact du bruit au travail sur l’audition »

Et vous, vous faites quoi contre le bruit au travail ?

 

Auteur : Diana Moy-Rugard, Infirmière de santé au travail