Selon Santé Publique France, 7.1 à 12.6% des adultes consomment quotidiennement de l’alcool selon les régions.
C’est dans les hauts de France, la nouvelle aquitaine et l’Occitanie que l’on retrouve les taux les plus élevés de consommateurs.

Pourtant, la consommation d’alcool représente un enjeu de santé publique majeur en France, où elle est responsable de 49 000 décès par an.

Le mois de janvier est le mois des nouvelles résolutions et peut être l’occasion de laisser derrière soi les dérives et les excès du passé pour commencer l’année sur de nouvelles bases.

Janvier sobre, c’est quoi ?

L’association H3D/France Janvier sobre a été créée en 2014 dans le but de faire connaître la maladie alcoolique et une méthode pour la soigner.

A l’instar du mois sans tabac, janvier sobre est un challenge d’un mois pour tenter de réduire sa consommation d’alcool voire de s’abstenir pendant cette période dans l’intention de se prouver que l’on garde le contrôle de sa consommation.

Le but étant de s’auto-questionner sur sa consommation d’alcool et de fixer ses propres objectifs.

Pourquoi faire janvier sobre ?

    Parce que la consommation excessive d’alcool peut avoir des effets dans différents domaines :
    Sur la santé :
    La consommation d’alcool a des répercussions importantes sur la santé.
    Chez la femme enceinte, au stade embryonnaire déjà l’alcool est toxique pour le fœtus, pouvant nuire à son bon développement, entraîner des risques de malformations voire d’atteinte au niveau du cerveau. L’enfant à naître pourra alors présenter des troubles du comportement, des troubles du spectre autistique, des troubles dys …

    Au-delà de 2 verres par jour pour les femmes et 3 pour les hommes, l’alcool devient un facteur de risque majeur pour certains cancers, notamment de la sphère ORL (bouche, gorge, œsophage) mais aussi colon, rectum et sein chez la femme.
    L’alcool augmente également le risque de développer des maladies chroniques au niveau du foie (cirrhose), du pancréas ainsi que les troubles cardiovasculaires, de l’hypertension, et des maladies du système nerveux.

    Pour finir, la consommation régulière d’alcool augmente le risque de développer des pathologies psychiques telles que l’anxiété, la dépression, les troubles du comportement, démence précoce etc.

    Sur la vie sociale :
    Les membres de la famille subissent de plein fouet les conséquences de cette consommation excessive d’alcool en compliquant les relations en plus des problèmes financiers (coût de l’alcool) et de santé.
    La violence peut faire partie du tableau, que ce soit dans le foyer ou à l’extérieur avec des troubles de l’ordre public.
    Par ailleurs, en France, l’alcool est en cause dans 28% des accidents mortels.
    En effet, l’alcool a un effet désinhibant, et euphorisant tout en affectant :

    • La motricité (dégrade la coordination des mouvements),
    • L’élocution,
    • La perception des risques (évaluation des distance et perception des risques),
    • Les réflexes (allonge le temps de réaction) ….

    Ce qui rend le rend incompatible avec la conduite.

    Sur la société :
    La consommation excessive d’alcool engendre des coûts directs sur la société : en terme de santé, de système judiciaire et de protection sociale mais également des coûts indirects en terme de décès prématuré, de morbidité et de chômage.

    Sur le travail :
    Un salarié qui consomme avec abus de l’alcool pourra avoir des problèmes d’absentéisme, une baisse de productivité, des conflits avec ses collègues ou ses managers perturbant l’organisation du travail, des problèmes d’agressivité, mais aussi un risque plus important d’accident lié à la baisse de vigilance (conduite d’engins, travail en hauteur, utilisation de machines ou d’outils dangereux), et un risque de désinsertion professionnelle.

    Ce que dit la loi concernant l’alcool au travail

    L’article R4228-20 du Code du travail stipule que seuls la bière, le vin, le cidre et le poiré sont autorisés sur le lieu de travail. Même pour un pot de départ, les alcools forts ne sont donc pas légalement autorisés.

    En vertu de son obligation générale de sécurité de résultat, l’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité et de protéger la santé des travailleurs.
    De ce fait, si jamais un accident de travail survenait dans l’entreprise lié à l’état d’ivresse d’un salarié, la responsabilité de l’employeur pourrait être engagée.

    Les conséquences peuvent donc être très importantes pour l’entreprise et son dirigeant.
    C’est pourquoi, les entreprises ont tout intérêt à faire cesser ou limiter ce genre d’addictions afin d’en réduire les situations à risques.

    Que peut faire l’employeur ?

    • En faisant la promotion du Janvier sobre, les employeurs s’engagent dans la prévention des risques professionnels au sein de leur entreprise.
    • Afin de lutter contre l’alcoolisme au travail, l’employeur peut associer dans ses démarches de préventions différents acteurs tels que le médecin du travail, les délégués du personnel, le C.H.S.C.T ou des intervenants de prévention extérieur (IPRP, assistantes sociales, spécialistes en addictologie).
    • Il a la possibilité d’inscrire dans son règlement intérieur ou une note de service une clause encadrant la consommation d’alcool dans l’entreprise et prévoyant également des possibilités de contrôle* et de sanction des salariés en cause.
    • Examen médical à la demande de l’employeur pour vérifier l’aptitude du travailleur à son poste

    *Les contrôles par éthylotest devront être très encadrés : ciblés uniquement sur des salariés étant exposés à des risques (conduites d’engins, travail en hauteur, travail avec des produits dangereux…) ou pouvant mettre en danger leur entourage direct.

    Les salariés auront la possibilité de contester le test et demander une contre-expertise par un deuxième test.

    Le contrôle d’alcoolémie doit avoir pour but de prévenir ou de faire cesser une situation dangereuse et ne peut donc pas être généralisé à tous les salariés de l’entreprise.

    • Les sanctions : Si un salarié est en état d’ébriété sur ses heures de services il s’expose à des sanctions proportionnelles à la gravité des faits, pouvant aller du simple avertissement, au licenciement pour faute grave en passant par une mise à pied.
      En revanche, chaque sanction devra être étudiée au cas par cas.

    Quels rôles pour les Services de Prévention en Santé au Travail ?

    Actions à visées collectives

    • Conseiller les employeurs sur la prévention des risques liée à la consommation d’alcool et des autres substances psychoactives
    • Conseiller sur l’organisation des pots et des repas d’affaires
    • Conseiller sur la conduite à tenir en cas de troubles du comportement

    Actions à visées individuelles

    • Suivi médical : aborder la question des addictions, faire le lien entre addictions et travail, évaluer le niveau de consommation, l’orienter.
    • Repérage et conduite à tenir

    Les salariés intéressés par le challenge Janvier Sobre peuvent se rapprocher de leurs services de Prévention en santé au travail pour des renseignements, mais ils peuvent également s’inscrire sur le site janviersobre.fr pour recevoir le kit janvier sobre avec des conseils, un carnet de route et un accompagnement tout au long de leur défi.

    Ils peuvent également se tester et évaluer leur propre consommation sur le site www.alcoometre.fr.

    Et vous dans votre entreprise, où en êtes-vous avec l’alcool ?

    « Pour votre santé, l’alcool c’est maximum deux verres par jour, pas tous les jours et sans dépasser 10 verres par semaine. » Selon Santé Publique France

    #janviersobre

    Auteur : Diana Moy-Rugard, Infirmière de santé au travail